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30 secondes pour briller en société… Prix littéraires 2021 : tout ce qu’il faut savoir

De Guillaume Jouenne • novembre 15, 202130'' pour briller en société

Goncourt, Renaudot, Médicis, Interallié, Femina... Les prix littéraires 2021 sont tombés. L’occasion de revenir sur cette saison traditionnelle des récompenses qui permet d’aiguiller les lecteurs dans leurs choix. Bien utile quand on sait que la rentrée littéraire 2021 comptait 521 romans. Histoire, petites histoires et millésime 2021, on fait le point.

Les prix littéraires français : un peu d’histoire

La célébration du génie littéraire existe au moins depuis le Moyen Âge, pendant lequel joutes et concours de poésie fleurissaient, mais les prix littéraires tels que nous les connaissons sont nés au début du XXe siècle. Conséquence logique de l’explosion vertigineuse du roman au siècle précédent, sous l’impulsion des Flaubert, Stendhal et autre Balzac, deux frères, Edmond et Jules de Goncourt, décident d’utiliser à titre posthume leur fortune pour récompenser le meilleur roman en langue française de l’année selon un jury composé d’écrivains. Ainsi sont créés l’Académie Goncourt en 1903 et le modèle du prix littéraire décerné à l’automne.

Il est rapidement suivi en 1904 par le prix Femina, conçu pour promouvoir la reconnaissance des droits des femmes en réponse à la misogynie des jurés du Goncourt, puis par les prix Renaudot en 1926, et Interallié en 1930. Tous les trois furent créés par des journalistes, écrivains, critiques dans l’attente de la proclamation des résultats du prestigieux Goncourt. Le prix Médicis, qui date de 1958, fut pensé comme un anti-prix opposé aux choix supposés d’arrière-garde des autres récompenses d’automne. Malgré des dotations financières désormais nulles ou extrêmement faibles, tous assurent toutefois une visibilité et des ventes exceptionnelles au lauréat et à sa maison d’édition.

Polémiques et secrets des prix littéraires

En un peu plus d’un siècle d’existence, les différents prix littéraires ont écrit leur propre histoire, entre anecdotes et petits arrangements. Le Goncourt, le plus ancien et le plus prestigieux, concentre la majeure partie des griefs. Le principal étant l’accusation de collusion et de trop grande proximité des jurés avec les trois grandes maisons d’édition que sont Gallimard, Grasset et Le Seuil. Ce qui a donné le mot péjoratif « Galligrasseuil ». Mais même si ces éditeurs ont publié une grande partie des lauréats, il n'en reste pas moins que la qualité de ces ouvrages est indéniable et que les lecteurs sont au rendez-vous.

Le prix Femina, créé en 1904 en réaction à la supposée misogynie du Goncourt, pointe le manque de reconnaissance des autrices. Même un siècle après, seules douze femmes ont reçu le prix Goncourt. Plus inquiétant, entre 70 et 80 % des ouvrages édités par Gallimard, Grasset et Le Seuil sont écrits par des hommes. À noter que, tout au long du XXe siècle, les prix Femina et Goncourt ont rivalisé de coups en douce pour se mettre chacun davantage en valeur, jusqu’à voler le lauréat de l’autre, problème qui fut réglé en 2000 en décidant d’une annonce tournante une année sur deux.

Parmi les anecdotes célèbres, on citera notamment Romain Gary qui réussit l’exploit de remporter deux fois le prix Goncourt alors que c’est interdit, grâce à son alter ego Émile Ajar incarné auprès de la presse par son petit-neveu. Julien Gracq, lui, déclarait publiquement vouloir refuser tout prix littéraire, mais les jurés du prix Goncourt le lui attribuèrent tout de même en 1951. Quant au journaliste Alain Ayache, il réussit par deux fois, en 1958 et 1983, à assister clandestinement aux délibérations du Goncourt depuis un placard.

Et les lauréats 2021 sont…

Goncourt 2021 : La Plus Secrète Mémoire des Hommes, de Mohamed Mbougar Sarr. Un jeune écrivain sénégalais vivant à Paris au milieu d’autres auteurs africains découvre le manuscrit perdu d’un auteur noir du début du XXe siècle. Un voyage éblouissant à travers l’histoire de l’Afrique et de l’Occident sur fond de littérature et d’amour.

Renaudot 2021 : Premier sang, d’Amélie Nothomb. Trente-deuxième roman de la prolifique autrice belge, consacré à son père décédé récemment. Il s’agit d’une biographie fantasmée de Patrick Nothomb, de sa jeunesse privilégiée dans un milieu aristocratique belge à ses années de diplomate autour du monde qui l’ont amené à subir une prise d’otages en 1964 en République démocratique du Congo.

Femina 2021 : S’adapter, de Clara Dupont-Monod. La naissance d’un enfant handicapé dans une famille cévenole déclenche un tourbillon d’émotions, de l’amour le plus fusionnel à la colère et la jalousie. Roman le plus personnel de l’autrice, il convoque le sublime et le touchant.

Médicis 2021 : Le Voyage dans l’Est, de Christine Angot. Roman autobiographique sur l’inceste et la notion de consentement. L’écrivaine y décrit la joie de faire la connaissance de son père à treize ans suivie de l’horreur des agressions sexuelles constantes et l’emprise malsaine que celui-ci a exercé sur elle pendant plus d’une décennie.

Académie Française 2021 : Mon maître et mon vainqueur, de François-Henri Désérable. Le narrateur tente d’éclaircir et de dénouer les fils d’une relation amoureuse passionnelle qui a semble-t-il mal tourné, et navigue en notre compagnie à travers l’amour fou, tragique et burlesque que deux de ses amis entretiennent. Le tout enrobé dans des références à Rimbaud et Verlaine.

Interallié 2021 : Ne t’arrête pas de courir, de Mathieu Palain. Au croisement du journalisme et de la littérature, Mathieu Palain livre dans son deuxième ouvrage le fruit de ses entretiens avec Toumany Coulibaly, champion d’athlétisme emprisonné pour une série de cambriolages. Devenu son ami, il tente de faire la lumière sur les événements qui l’ont conduit ici.

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